La situation de l'import/export post COVID 19

                     I. L’évolution de l’industrie manufacturière depuis la crise sanitaire liée au Covid

     Le papier, l’acier, l’aluminium, le plastique, le bois et bien d’autres encore, tous ces matériaux permettant de fabriquer bons nombres de produits ont vu leur prix exploser en quelques mois. Au point de désorganiser la production en amont (difficultés d’approvisionnement), de susciter l’inquiétude sur les prix ainsi que de créer de fortes tensions sur les marchés.

  • Mises à l’arrêt pendant deux mois en 2020, les usines ont mis du temps à redémarrer et ont eu du mal à faire face au rebond de consommation constaté après chaque confinement. Ce qui provoque un déséquilibre de plus en plus important entre l’offre et la demande et contraint certains industriels à soit augmenter les prix pour pouvoir pallier rapidement à la demande soit de rallonger leurs délais de livraisons de plusieurs semaines afin de consolider leurs stocks.

Le redémarrage, plus rapide qu’anticipé font que tous les industriels veulent reconstituer leurs stocks et tout le monde veut acheter le même type de biens au même moment avec la réouverture des économies.

Nous allons voir à cela plusieurs raisons expliquant ce phénomène en ce début d’année 2022 :

-        Une reprise économique inégalitaire sur les secteurs industriels français

-        Le ralentissement de la production chinoise et ses contraintes

-        La situation du transport maritime et aérien (augmentation des coûts liés au fret)

1.               Les secteurs industriels français : comment s’est passée la reprise ?

Alors que la reprise économique mondiale se poursuit petit à petit à la suite de la crise sanitaire, la France est dans une optique positive quant à sa situation pour l’année 2022. En effet, à la suite du rapport effectué par l’Insee, nous pouvons observer que la France est lancée sur une très bonne voie pour retrouver sa situation économique d’avant crise. Après une chute du PIB de 8% en 2020, celui-ci pourrait subir une augmentation de 0.4% au cours du premier semestre 2022, si la situation se réalise la France assistera à sa meilleure performance depuis plus d’un demi-siècle.

      Pour l'instant, en Europe, on ne voit que peu les conséquences des difficultés d'approvisionnement et des pénuries dans l'indice des prix à la consommation, le problème, c'est que si les difficultés d'approvisionnement durent et que la pression sur les marges s'amplifie, alors le risque de crédit va nettement rebondir chez les plus faibles d'entre elles.

  • Présentation des écarts face à l’avant crise du PIB, des importations et des principaux postes de la demande

     Comme nous pouvons l’observer ci-dessus, la consommation en France devrait poursuivre son « rattrapage » en ce début d’année pour les secteurs en dessous de leur niveau d’avant crise (par exemple la consommation des ménages devrait atteindre +0.5% lors du deuxième trimestre de 2022). Seulement, l’investissement pourrait évoluer d’une manière plus modérée concernant l’import/export en raison des difficultés d’approvisionnement toujours plus fortes.

  • Malgré une augmentation continue prévue pour l’année 2022, le secteur de l’import/export ne rattrape pas encore son niveau du quatrième trimestre de 2019 et sera encore négatif à -2.5% lors du deuxième trimestre de cette année.

De plus, l’indice des prix internationaux des matières premières importées en France a considérablement augmenté depuis les débuts de la crise du COVID 19 (cf statistiques ci-dessous)

Depuis le début de l’année 2020, le prix des matières premières importées a subi une augmentation de +38.2%. Si les entreprises n’ont pas prévu de commander et de prévoir leurs stocks à l’avance, elles vont devoir subir de plein fouet l’augmentation des coûts et ainsi pallier les dépenses supérieures en augmentant leurs prix de vente.

2.               Le ralentissement de la production chinoise et ses contraintes

     Depuis la reprise économique mondiale à la suite de la période de crise sanitaire liée au Covid 19, la Chine a pu se permettre sur la fin de l’année 2021, grâce aux résultats favorables de la relance économique, d’accroitre ses exportations (en octobre les ventes à l’étranger étaient en hausse de 27% sur un an). Seulement cette situation n’a pas réussi à perdurer et prends de plus en plus d’ampleur en ce début d’année, en effet, les exportations ralentissent alors que les pays extérieurs veulent reprendre petit à petit leur situation d’avant crise.

  • De ce fait la Chine à notamment pu assister au gonflement de l’inflation et du prix de l’exportation qui, en conséquence provoque la baisse de la demande extérieure, une augmentation du coût des matières premières, des coûts de production ainsi qu’une augmentation du coût du fret maritime et aérien.

De plus, à la suite de l’apparition de plusieurs cas de Covid dans la province chinoise, celle-ci oblige les personnes extérieures (chauffeurs de camions par exemple) à rester en quarantaine, de ce fait cela provoque un retard de livraison considérable.

      Depuis le début de l’année 2022 nous estimons à plus d’une trentaine le nombre de porte-conteneurs bloqués au port de Ningbo ainsi que plus d’une centaine de vols intérieurs annulés. Le maintien d'une stratégie « zéro Covid » se traduit par une limitation drastique du trafic aérien international (sachant que 27 % du commerce mondial de biens intermédiaires génériques et 40 % du commerce mondial de biens intermédiaires spécifiques transitent par voie aérienne chaque année).

  • La non-maîtrise de la prolifération du variant Omicron laisse augurer des perspectives d'activité moindre. Avec un impact non négligeable sur le commerce. Nous pouvons déjà constater la fermeture de plusieurs entreprises cotées en bourse dans la province de Zhejiang ainsi qu’une prolifération du ralentissement de circulation en fonction des zones d’enlèvements et de livraisons.

Vers une vision positive pour le prix des matières premières ? En effet, à en croire les industriels il y a un espoir qui subsiste mettant en avant que si le ralentissement de l'économie chinoise se confirme, alors l'inflation se dégonflera car le prix des métaux, du bois, et d'autres matières premières redescendra. Nous pouvons déjà constater les effets de cet espoir sur le prix du fer, car au fur et à mesure de la diminution des chantiers en Chine, le prix du fer lui chute petit à petit.

3.               La situation du transport maritime et aérien

Concernant les prix liés à l’import-export depuis la reprise des échanges post Covid 19, le shipping traverse pour la première fois une situation atypique. Dans la conteneurisation, les taux de fret n'ont jamais été aussi hauts. Le prix d'un conteneur de 40 pieds a été multiplié en moyenne par dix en un an et le prix d’un 20 pieds est passé pendant la période de 1.000 dollars à 7.000 dollars.

     Cette flambée elle, s'explique par une rupture inédite du cycle entre l'import et l'export, liée à l'épidémie de Covid-19. Alors qu'avec la fin du confinement, la consommation reprenait de plus belle en Europe et aux États-Unis dès le printemps, la reprise en Chine n'a débuté qu'à partir de septembre dernier. Une asymétrie qui a créé un déséquilibre dans les flux mondiaux, accentuée par le "rattrapage" qui a eu lieu à ce moment-là. Après les confinements qui ont paralysé les usines et les ports du monde entier, un double mouvement de rattrapage s'est enclenché. Il a fallu expédier en même temps les nouvelles commandes et les produits déjà commandés, et de nombreuses entreprises ont voulu accroître leurs stocks.

  • Ce qui a eu pour but une désorganisation momentanée du secteur et des augmentations fulgurantes du prix du fret maritime.

De plus le retour à la normale se fait attendre et les industries commencent à croire que les compagnies maritimes continuent de se jouer de cette situation de « désorganisation » à leur avantage. Car malgré une sortie de crise mal organisée, les compagnies auraient dû anticiper une future hausse de la demande, mais à la place le nombre de bateaux supprimés ont augmenté et ont laissé place à une augmentation de la pénurie de nombreux produits.

Malgré la reprise économique et l’allègement des restrictions sanitaires il faudra du temps avant que le transport mondial rattrape son retard.

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